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3 participants

    J'ai relevé le défi n.2 !

    Eryn
    Eryn
    Admin


    Messages : 23
    Date d'inscription : 26/07/2016

    J'ai relevé le défi n.2 ! Empty J'ai relevé le défi n.2 !

    Message par Eryn Jeu 27 Oct - 22:16

    Voici le texte que j'ai écrit dans le cadre du défi n.2 J'ai choisi la phrase n.2 "La dixième nuit qu'elle passa chez son père..."
    A vos critiques !
    Warning: c'est super triste.

    "La dixième nuit qu'elle passa chez son père ne se déroula absolument pas comme les neuf précédentes. Premièrement, cette nuit-là, elle dormit. D'un sommeil profond, noir, qui s'était abattu sur son corps de manière très brutale, sans qu'elle eût pu y résister. Elle avait essayé, pourtant : tout comme les nuits précédentes, elle avait mis en place un dispositif très perfectionné pour ne surtout pas s'endormir : position inconfortable, lumière allumée, fenêtre ouverte pour entendre le bruit de la rue... Elle avait ainsi passé neuf nuits à fixer le mur olivâtre droit devant elle, sans bouger, à attendre le jour. Mais cette fois, ça n'avait pas suffi. Les besoins primaires de son corps avait eu raison d'elle. En se réveillant le lendemain, elle en avait ressenti de la honte, mais aussi de la culpabilité. C'étaient la tristesse et le deuil qui l'avaient empêchée de dormir au départ : la veille était devenue veillée, dernier hommage. Dormir, c'était abandonner, c'était se résigner.
    La deuxième chose qui rendit cette nuit différente des autres et, pour tout avouer, bien pire, c'était la douleur. Jusqu'ici, son corps et son esprit semblaient enveloppés d'une sorte de coton de mélancolie, comme de la neige, mais en plus triste. Mais sans la protection de la conscience, le désespoir de la situation finit par perler, puis ruisseler, puis déferler sur elle. Elle se réveilla pantelante et désorientée, avec l'impression qu'une cascade gelée lui était tombée sur les épaules, puis avait martelé son corps pendant des heures.
    Elle mit quelques instants à rétablir ses repères dans la réalité. Elle avait encore un peu de mal à respirer. Au-dehors, il faisait déjà jour, mais les voitures étaient encore rares.
    Elle se leva lentement, craignant l'étourdissement. Elle resta un long moment debout ainsi, à fixer ses pieds, tentant de prendre la mesure du grand vide qui s'étendait à présent devant elle. S'accrocher au passé n'était plus possible, elle ne savait. En particulier aujourd'hui. Elle devait lâcher prise, enfin. Finalement, se dit-elle, c'était logique que son corps ait choisi ce moment pour céder au sommeil.
    Tout à coup, elle releva la tête, son regard croisa celui de son reflet dans le miroir en face d'elle, mais elle ne s'attarda pas sur son apparence. Elle ouvrit la porte de l'armoire à la volée, en sortit une robe noire à col bateau, puis enfila une paire de collants gris anthracite. Elle coiffa sans douceur ses longs cheveux châtain – que la tristesse et les soucis n'avaient pas encore eu le temps de ternir – en une queue de cheval haute. Elle délaissa sans même une hésitation la palette d'ombres à paupières et le mascara qui traînaient sur la table de nuit. Puis elle se saisit d'une paire de talons noirs – et les reposa. Elle se décida plutôt pour une paire de bottes vertes ornées de moutons. Un bien plus bel hommage.
    Dans la cuisine, son père faisait cuire des œufs. Seul le crépitement de l'huile dans la poêle troublait le silence. Elle ne dit rien, mais embrassa son père sur la joue, doucement, tendrement. Il ferma les yeux et soupira.
    Ne soyons pas en retard, dit-il enfin.
    Il regarda sa fille de haut en bas, s'attarda sur les bottes, et sourit. Il était faible, ce sourire, tremblant et mélancolique. Mais il ressemblait un peu à un arc-en-ciel.
    Ça lui aurait plu. Surtout parce que ça va mettre votre grand-mère dans tous ses états...
    C'étaient ses préférées, tu sais.
    L'emploi du passé la frappa soudain. Encore un signe que cette nuit avait tout changé. Son regard se fit vague, elle observait le jardin à travers la fenêtre ouverte, mais sans vraiment le voir. Elle y voyait le vieux pneu qui avait servi de balançoire, la vieille cabane où leur père rangeait les outils et où elles n'étaient entrées qu'une seule fois. Julia lui avait un jour fait croire que les machines étaient vivantes et qu'elles attaquaient les petites filles. Elle ne l'avait pas crue, avait ouvert la porte, et s'était retrouvée face à une énorme araignée qui les avait fait crier de peur toutes les deux. Elles n'avaient plus jamais osé entrer dans la cabane de toute leur enfance.
    Mais elles étaient grandes maintenant. Elle avait quitté la maison depuis quatre ans, et Julia venait de partir, il y a tout juste deux semaines. Elle était encore jeune, avait trouvé son père, mais elle voulait « vivre sa vie ». Quelle ironie.
    Viens, ma fille. C'est l'heure.
    Son père l'attendait sur le seuil de la maison. Il avait mis un costume noir – et une cravate verte, assortie aux bottes de sa fille. Le corbillard attendait déjà, silencieux et noir, juste derrière lui. Personne n'avait touché aux œufs.
    L'heure de quoi ?
    De lui dire au revoir. De la laisser partir.
    Cela faisait dix jours qu'elle redoutait ce moment. Mais ce matin, les choses avaient changé. Droite dans ses bottes vertes, elle était prête : elle allait réapprendre à vivre avec le vide qu'avait laissé Julia, son bébé sœur, en partant. "
    Mawybulle
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    Messages : 7
    Date d'inscription : 29/07/2016
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    Message par Mawybulle Ven 28 Oct - 16:09

    C'est une belle et triste histoire ... Le défi est relevé haut la main !
    Eryn
    Eryn
    Admin


    Messages : 23
    Date d'inscription : 26/07/2016

    J'ai relevé le défi n.2 ! Empty Re: J'ai relevé le défi n.2 !

    Message par Eryn Ven 28 Oct - 20:02

    J'adore ton avatar Very Happy affraid
    Lyra
    Lyra
    Admin


    Messages : 53
    Date d'inscription : 17/07/2016
    Age : 33
    Localisation : Paris

    J'ai relevé le défi n.2 ! Empty Re: J'ai relevé le défi n.2 !

    Message par Lyra Ven 28 Oct - 23:12

    Ah oui, en effet, c'est super triste... Mais c'est très beau comme manière d'écrire le deuil et ça représente bien les sentiments que l'on peut avoir pendant ces moments-là... Ca me rappelle de bien tristes souvenirs...

    Merci d'avoir si brillamment relevé le défi !

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